Depuis qu’elle sait générer des images, pondre des slogans ou mixer des voix, l’IA s’est installée dans nos outils. Sans qu’on lui ait vraiment demandé son avis.
Fascinante ou flippante, elle force une vraie question : est-ce qu’elle m’aide à créer — ou est-ce qu’elle grignote mon rôle, ma voix, ma légitimité ?
Et si on arrêtait de tourner autour du pot ? Voici comment je vis, moi, cette cohabitation forcée.
Un outil, pas une révélation divine
J’utilise l’IA au quotidien.
Pas forcément pour produire, mais pour réfléchir. Pour poser mes idées à plat, confronter un sujet, explorer des pistes.
Ce que j’aime, c’est qu’elle me ralentit. Elle m’oblige à ne pas foncer tête baissée.
Je fais beaucoup de veille tech, donc forcément, j’ai plongé dedans dès ses débuts. Mais toujours avec un regard critique.
La DA, c’est moi. Toujours.
Je retravaille toujours ce qu’elle propose.
Parce qu’il ne suffit pas de cliquer pour que ça marche. Une direction artistique, c’est pas un filtre à appliquer. C’est une vision, une intention, une cohérence.
Tu me files un tournevis. Ok, cool. Mais ce qui compte, c’est ce que j’en fais. Pas l’outil lui-même.
Et c’est valable aussi pour mes mots. Je ne laisse jamais une IA parler à ma place.
Je relis, je reformule, je recadre. Je garde ma voix. Ma patte. Ma logique.
Ce qu’elle m’apporte vraiment
- Du recul sur mon propre travail
- Un gain de temps sur les tâches ingrates (détourages, recadrages, versions multiples…)
- Une excitation de pouvoir aller plus loin, plus vite, sans perdre de vue l’essentiel
Et surtout : elle me libère du temps pour ce que j’aime vraiment faire.
Le design. La vecto. Les tests de couleurs. L’agencement. La vraie DA.
Là où ça pue

Ce qui me dérange ? Les gens qui postent du brut. Sans rien toucher.
À ce stade, c’est pas de l’assistance, c’est de la fainéantise.
Tu ne crées rien, tu reproduis.
Un prompt balancé en 15 minutes, c’est pas équivalent à une réflexion mûrie.
Et à force de répéter ça, on est en train de flinguer un truc essentiel : le temps passé à chercher. À douter. À rater.
Ce que ça change (et ce que ça ne changera jamais)
Oui, l’IA a changé ma manière de bosser.
La preuve : cet article est co-écrit avec elle. Et pourtant, chaque mot vient de moi. Elle structure, j’alimente. Elle propose, je tranche.
Aujourd’hui, j’ai intégré certains outils à mon quotidien, et c’est devenu un confort énorme.
Mais le cœur de mon taf reste imprévisible.
Parce que moi-même, je ne sais pas toujours où je vais.
Et ça, aucune IA ne pourra le reproduire. Les accidents créatifs, les détours hasardeux, les fulgurances du “tiens, si je faisais ça…”
À celle ou celui qui démarre aujourd’hui
Utilise l’IA. Bien sûr.
Mais sers-toi de l’outil. Ne le laisse pas te remplacer.
Ta vraie valeur, elle est dans ce que tu amènes.
Pas dans ce qu’on attend de toi.
Une bonne DA, un bon graphisme, ça n’est jamais “habituel”.
Ça provoque. Ça interroge.
Ça dit quelque chose que personne d’autre ne pourrait dire à ta place.
Tu bosses avec l’IA aussi ? Tu t’en sers comment ? J’suis curieux de lire d’autres façons de faire.
Musique écoutée pendant l’écriture : From me to U — Baby Metal feat.Poppy